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11/20/2016

Faire couler du sang frais


"Faire couler du sang frais dans le corps inanimé d'une Europe, hâve, exsangue, persuadée elle-même de son infirmité à se battre, convaincue que "victorieux" est synonyme de "monstrueux", "médiocre", "criminel". Retour, donc, à un éloge de la volonté de vaincre, du courage de conquérir. Quelle qu'en soit l'issue. La vie, la mort. La conscience, l'inconscient. Le confort ou le coquard. Les Grecs, pour s'entraîner et exercer quotidiennement leur volonté pratiquaient tous pour la plupart, entendons les mâles citoyens à Athènes, les hommes de Sparte, la lutte, la boxe, le pugilat ou le pancrace, sorte de mélange des trois premières disciplines où tous les coups étaient permis. Coups de poing. Coups de pied dans les jambes, l'estomac ou le ventre. Torsions. Clés. Morsures. Étranglements. N'était interdit que le fait d'enfoncer les doigts dans les yeux ou les autres orifices du visage. 

Imaginons, un instant, la violence de ces affrontements. Et par lien de causalité la dureté des entraînements... Rien à voir avec les sports du XXIème siècle. Sorte de jeux aseptisés. Ou les règles sont plus nombreuses que les autorisations. Et les droits bien moins abondants que les interdictions. Tout est balisé pour que le sportif, l'être humain, ne se blesse pas. Et que s'il se blesse, ce ne soit la responsabilité de personne. Prendre des risques qui n'en sont pas. Se donner l'illusion du danger, alors que tout est maîtrisé, contrôlé, et que finalement il n'arrivera jamais rien du tout. A qui que ce soit. 
D'où le recours au philosophe-voyou. Au Fight Club. Sorte de réunion hebdomadaire où des hommes se rassemblent pour se "foutre sur la gueule". L'idée est simple. Pas de règles. Ou bien très peu. Lâcher quand un camarade demande grâce, par exemple. Faire durer les combats aussi loin qu'ils peuvent aller...
Pour le corps et l'esprit, le risque entier surgit alors. Risque de perdre son intégrité physique. D'avoir mal, pour de vrai. Le Fight club, par cette divulgation de soi se donne pleinement comme une École philosophique. Introduction de l'homme dans le réel. Prise de conscience. Révélation. Indicible "mystique" du coup reçu et du coup donné, qui éclairent la vie d'une toute autre lumière. Le corps guide de l'esprit, telle est la philosophie du voyou."


Raphaël et Olivier Saint-Vincent, Manifeste du philosophe-voyou

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